Le glacier d’Aletsch est le plus grand glacier des Alpes. Les glaciologues estiment que d’ici à la fin du siècle il n’en restera plus que des fragments. La plupart des autres auront totalement disparu. Au fragile géant, Laurence Bonvin dédie une élégie. Puissante et lyrique. Brouillant les échelles spatiales et temporelles, elle nous entraîne dans les entrailles du monstre de glace en un voyage hypnotique au cœur du grand changement climatique. Le glacier murmure, ruisselle et craque dans une bande-son qui va crescendo jusqu’à se faire assourdissante, tandis que l’inversion de l’image du positif au négatif crée des effets de marée noire qui rendent la menace environnementale encore plus intense. Une expérience intime et sensorielle dont on ne ressort pas indemne. À la fois poétique et politique, documentaire et engagée, la démarche de Laurence Bonvin s’attache prioritairement aux paysages périphériques, aux zones intermédiaires, aux no man’s lands en mutation territoriale et sociétale.

Laurence Bonvin (*1967, Sierre) est diplômée de l’E.N.S.P (École nationale de photographie) d’Arles. Photographe et réalisatrice, elle enseigne à l’ECAL, École cantonale d’art de Lausanne. Récompensée notamment par le Prix Vordemberge-Gildewart et deux Prix fédéraux d’art, elle a effectué des résidences d’artiste au Caire, en Afrique du Sud, Paris, Berlin. Elle vit entre Genève, Lisbonne et Berlin.

Laurence Bonvin. Aletsch Negative. © MHL, photographie Margaux Corda